Archives par étiquette : Claire Leproust

LA FRENCH TOUCH DE LA WEBCRÉATION

Retrouvez le premier grand rapport sur « Les nouveaux producteurs : la french touch de la webcréation », produit par Fablabchannel et commandé par l’Institut Français. 
Ce livre numérique interactif et inédit, est déjà disponible sous forme d’un ebook sur l’Ibookstore ou via le site de l’Institut français ! Ci-dessous, vous pourrez aussi lire la synthèse du rapport rédigé par Claire Leproust en amont du contenu du livre.  Ce rapport a été réalisé avec la contribution de Cédric Mal (Le Blog Documentaire) et de l’Apprimerie

Pour son lancement, un évènement a été organisé à la Gaité Lyrique le 17 décembre 14, que pouvez suivre dans la vidéo ci-dessous : 

Comment la culture web et ses nouvelles narrations viennent enrichir le cinéma, la télévision et les jeux vidéo ? Ce secteur dépasse aujourd’hui le stade de l’expérimentation pour produire des oeuvres qui touchent un public international. Quels sont les producteurs français qui ont décidé d’investir le champ de la webcréation ?

SYNTHESE DU RAPPORT EN AMONT DES 28 INTERVIEWS DES PRODUCTEURS – DECLICS ET ECLAIRAGES par Claire LEPROUST Fablabchannel

I. PREFACE D’UN VOYAGE SANS FIN

Quand Guillaume Duchemin du département numérique de l’Institut Français m’a commandé ce rapport, je tenais une chronique hebdomadaire sur France Info dédiée aux webdocs et webséries. Je me suis alors dit : voilà une « Mission », celle de contribuer à faire prendre conscience de l’importance de ce qui se joue aujourd’hui dans le secteur de la création audiovisuelle sur les écrans connectés.

Pour cerner la webcréation, nous avons donc décidé d’aller interviewer des producteurs français représentatifs d’une grande diversité, de taille, de genres et d’histoire – de la société « webnative » au producteur « traditionnel », très impliqués dans la technologie ou encore ayant fait le choix de devenir média. Cet éclectisme se retrouve dans la trentaine d’entrevues (en intégralité ci-après) qui ont été menées par Cédric Mal, journaliste et directeur des publications du Blog documentaire, Hanane Guendil, jeune journaliste web éditrice à Fablabchannel et Vincent Fazekas, actuellement en Executive Master Marketing à l’ESSEC.

Au vu de l’enthousiasme et de l’impressionnante énergie créative déployée par tous ces producteurs ces dernières années ce, malgré les menaces du low cost voire de la gratuité sur internet, malgré des résistances générationnelles et culturelles, ou encore malgré l’étroitesse de la demande du côté des diffuseurs, nous avons décidé de leur rendre hommage par la restitution de ce rapport sous forme de livre numérique. Cet objet graphique et interactif, disponible sur l’AppStore, a été développé par l’Apprimerie, une startup soutenue par le Lab de l’Edition, dirigée par Julie Guilleminot et Karine Duperret.

Nous souhaitons aussi présenter nos excuses à tous les producteurs et productrices qui n’ont pas été interviewés ; soit par manque de temps, soit parce que nous ne les connaissons pas encore, ou parce qu’ils ont trop récemment investi le champ de la webcréation. Nous sommes conscients de ne pas avoir été exhaustifs et les invitons à nous contacter pour la deuxième édition.

A vous, lecteurs, nous vous remercions aussi en espérant que ce rapport livre vous enthousiasmera autant que ceux qui ont accepté de partager leurs expériences, leurs façons de travailler, leur business model, leur vision, leurs envies de participer à la création française pour une audience multiple et singulière, exigeante car extrêmement sollicitée, et sans frontière.

Enfin – clin d’œil au secteur de la télévision –, une citation de Dick Stevensen, rédacteur en chef de l’International New York Times, dans un article paru dans le Monde du 5 déc 14 : « Nous nous devons d’être très au courant des changements technologiques, de l’évolution des habitudes du lectorat, des changements macroéconomiques et de la manière dont évolue l’interaction avec nos lecteurs. Ainsi, nous ne sommes pas en train de traverser un pont qui relierait le monde papier au monde numérique. Nous ne sommes pas au commencement d’un voyage qui aurait un point d’arrivée. Ceci est un voyage sans fin ».

II. PANORAMA WEBCREATIONS : DÉFINITION / GENRES ET ILLUSTRATIONS

II.1  DEFINITION :

Les « Webcréations » recouvrent des productions très variées qu’il est difficile de décrire de façon exhaustive. Nous avons néanmoins pu, grâce à la trentaine d’interviews menées auprès de ces « nouveaux producteurs », dresser un large panorama de ces créations multiformes.

Pour une définition générale, le champ « WebCréations » recouvre ici toute création audiovisuelle incluant vidéo, photo, animation 2 et 3D, graphisme, dessin, son, musique, texte…

● Accessible sur des écrans connectés à Internet ou réseaux hauts débits 3 ou 4G, que ce soit des ordinateurs, tablettes, smartphones, téléviseurs, consoles.

● Proposant une expérience de visionnage interactive ou linéaire :

● Interactive pour les propositions dans lesquelles contenus audiovisuels et code logiciel sont indissociables et forment une proposition globale qui influe sur la navigation, l’interaction, l’intégration de contributions ou d’hyperliens, la progression de l’internaute dans l’histoire comme dans le jeu vidéo par exemple.

● Linéaire sur une plateforme de VOD/SVOD comme YouTube, Dailymotion ou Viméo ou Canalplay, mais aussi plateformes de Catchup TV, sites avec players intégrés de VOD payante ou gratuite donnant en général la possibilité de commenter, d’aimer ou pas, de partager sur les réseaux sociaux, etc.

● Autonome ou liée à une œuvre audiovisuelle, cinématographique ou à toute autre création ou évènement (spectacle, concert, etc.).

Dans le cas d’une Webcréation liée à une autre œuvre, elle peut être :

  • Transmédia, s’il y a interdépendance des histoires, l’expérience interactive n’ayant de sens que par rapport à l’œuvre principale à laquelle elle se rattache, en live sur un second écran ou dans une temporalité différente (avant, pendant ou après) de sa diffusion multimédias ;
  • Multimédia : s’il y a indépendance de la Web Création avec l’œuvre principale. On parle dans ce cas souvent de contenus dérivés, de licences, de 360°, de déclinaison web ou encore d’accompagnement web.

● Diffusée par tous éditeurs, diffuseurs ou hébergeurs en ligne : chaînes de télévision, plateformes vidéo, sites ou applications de médias presse, radios, éditeurs de livres ou de jeux vidéos, plateformes d’opérateurs mobiles ou fournisseurs d’accès à internet, chaînes en VOD et, plus globalement, tous éditeurs engagés dans la diffusion d’œuvres.

● Etant considérée comme une œuvre, toute « Webcréation » qui traduit une conception et une intention d’auteur(e)(s) tant dans l’écriture que dans sa réalisation  dans les genres documentaire, animation, fiction, jeu vidéo, livre graphique, bande dessinée animée, captation de spectacles vivants.

II.2 a) GENRE ET ILLUSTRATIONS DES WEBCREATIONS DOCUMENTAIRES :

Le mot webdocumentaire est utilisé depuis plusieurs années pour décrire le documentaire à navigation interactive sur Internet. C’est un mot aujourd’hui d’usage devenu générique qui reflète cependant plusieurs réalités différentes.

GENRE INTERACTIF :

Le webdocumentaire autonome ou « webnatif » :

« Stainsbeaupays »
https://stainsbeaupays.nouvellesecritures.francetv.fr

« Le Grand Incendie »
https://legrandincendie.nouvellesecritures.francetv.fr/

« Syrie, journaux intimes d’une révolution »
https://syria.arte.tv/fra

Le webdocumentaire qui accompagne et enrichit un programme

Documentaire ou série TV, film au cinéma, émission de radio, etc.

« Le supermarché de la finance »https://www.arte.tv/fr/GoldmanSachslesupermarchedelafinance/6820372,CmC=6892050.html 

Autour du documentaire « Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde » (ARTE) « Casse tête chinois – l’expérience » https://www.cassetetechinoislefilm.fr/ pour le film éponyme de Cédric Klapish (2013)

« Le jeu des 1.000 histoires » autour du « jeu des 1.000 euros » de France inter https://1000histoires.franceinter.fr/#home

« Braquo, les coulisses » autour de la saison 1 de la série « Braquo » (Canal+) https://www.capatv.com/?p=1503

Le webdocumentaire participatif ou contributif

« Prison Valley » https://prisonvalley.arte.tv/?lang=fr avec les protagonistes du webdoc auTexas.

« Génération quoi ? »
https://generationquoi.france2.fr/

Le documentaire d’enquête interactive :

« Manipulations» https://www.francetv.fr/manipulations/

Le jeu documentaire et serious game (si documentaire) :

« Fort Mcmoney » https://www.fortmcmoney.com/#/fortmcmoney

« Sauvons le Louvre ! » https://sauvonslelouvre.francetveducation.fr/

L’application second écran documentaire (en live)

« Futur par Starck » https://futurparstarck.arte.tv

« 24h Jerusalem » https://www.24hjerusalem.tv/fr

Le documentaire dont vous êtes le héros :

« Voyage au bout du charbon » https://www.lemonde.fr/asiepacifique/visuel/2008/11/17/voyageauboutducharbon_1118477_3216.html

« Le Challenge » https://www.canalplus.fr/cinfosdocumentaires/pid3400clechallenge.html

Le grand format  « long form » pour la presse en ligne et certaines ONG

L’Equipe explore https://www.lequipe.fr/explore/

Amnesty International https://stories.amnesty.fr

« Mon veau s’appelle hashtag » https://monveauhashtag.franceinfo.fr/

BD animée interactive enrichie d’archives documentaires (Graphic novel)

« Apocalypse – 10 destins »
https://www.apocalypse10destins.com

« 127, rue de la Garenne » https://bidonvillenanterre.arte.tv

● L’application jeu vidéo (documentaire)

« Type:Rider » https://typerider.arte.tv/#/

« Le Cancer du temps » https://www.cancerdutemps.com/

● Le jeu d’enquête ou d’investigation

« Manipulations, l’expérience web » https://www.francetv.fr/manipulations/ 

En accompagnement de la série documentaire éponyme sur France 5.

GENRE LINEAIRE :

● Le documentaire de format court 

« J’ai rêvé du président » https://www.arte.tv/fr/6543514.html 

« Un été avec les kids de Larry Clark » https://creative.arte.tv/fr/series/uneteavecleskidsdelarryclark

Le concours de France 2 Infracourts  https://www.france2.fr/emissions/infrarouge/infracourt_138023

Le concours de France 3 Filme ton quartier https://www.france3.fr/emissions/filmetonquartier/leconcoursfilmetonquartier/participez_277149

● Le minimagazine

« Bits », sur la culture Geek https://bits.arte.tv/fr/episode

« Blowup », sur le cinéma https://cinema.arte.tv/fr/magazine/blowup

II.2 b) GENRES ET ILLUSTRATIONS DES WEB CREATIONS « FICTIONS » :

La websérie est le genre le plus développé dans la webcréation de fiction : c’est un format court feuilletonnant ou à épisodes bouclés, nativement diffusée sur Internet (notamment sur YouTube ou Dailymotion).

Ces films sont tout à fait « broadcastables » en télévision.

Le visionnage des épisodes se fait en général de façon linéaire. L’interactivité étant limitée à des commentaires, des « like », des partages sur les réseaux sociaux.

GENRE LINEAIRE :

● La websérie de fiction

La plus visitée : « Le Visiteur du futur » https://www.levisiteurdufutur.com

Les webséries du Studio 4.0 https://www.france4.fr/studio40/

Les séries « Before », « J’aime mon job », « Roxane, la vie sexuelle de ma pote », « Les gardiens », « L’Agence », « On habite au 65… » sur la chaîne de webséries « Rendez Vous à Paris ».
https://www.youtube.com/rendezvousaparis

La websérie d’animation

« Les supercheries financières » https://www.france4.fr/studio40/webseries/lessupercheriesfinancieres

« The evening cigarette » https://www.france4.fr/studio40/webseries/eveningcigarette

La websérie podcast

« Camweb » https://www.france4.fr/studio40/webseries/camweb

« Les tutos » (Canal+) https://www.youtube.com/user/LesTutosVideo

La websérie reliée à une série télévisée :

« Fiction Clem » https://videos.tf1.fr/clem/webseriesclem/

Le Podcast (YouTube)

Proche du standup mais dès l’origine « filmé à la maison », ces podcasts sont clairement des format vidéo qui se sont développés grâce à Youtube avec des talents, dont certains sont devenus des stars.

Voir ceux diffusés sur Studio Bagel :
https://studiobagel.com/

Sur Golden Moustache :
 https://www.goldenmoustache.com/

Mais aussi leur propres chaînes comme Norman, Cyprien, Le joueur du grenier, Mister V, Antoine Daniel, Ro&Cut ou encore le Palmashow et même de la philosophie avec Dany Caligula.

GENRE INTERACTIF :

● La fiction jeu de rôle

« Jeu d’influences », pour se mettre dans la peau d’un homme d’affaires face à un spin doctor :  https://jeudinfluences.france5.fr/#/

En complélement de deux documentaires sur le même sujet (France 5)

● La fiction vidéo interactive 

« Décide toi Clément » https://www.decidetoiclement.fr/saison1/serie/episode/

● L’application second écran autour d’une fiction TV

« Game of thrones » https://ocs.fr/got/

● La fiction participative ou 2.0

« What ze teuf » https://www.youtube.com/channel/UCrgNZJOXALNonQwR_lON7dA

« Anarchy » https://anarchy.nouvellesecritures.francetv.fr/

● La fiction ARG (Alternate Reality Game  en réalité alternée)

« Mission Braquo » https://www.capatv.com/?p=13164

« Lovelooz », en accompagnement de la série « Pus belle la vie » https://www.lovelooz.com/

« In mémoriam » https://www.jeuxvideo.com/videosediteurs/0001/00010782/inmemoriampctrailern100002088.htm (trailer)

“AltMinds” https://cinemadocumentaire.wordpress.com/2013/07/02/altmindsretourdexperienceaveceric-

viennot/

● Les personnages de fiction prolongeant leur existence sur les réseaux sociaux

« Cut ! » https://www.biggerthanfiction.com/cuttransmediasocialtvsecondecran/blog/

 

III. SYNTHESE ET VISION D’ENSEMBLE

III.1) Singularités et spécificités des webcréations

● Les valeurs d’une culture web en partage internet reste, pour la majorité des producteurs interviewés, un espace où règnent la liberté de création, d’expression d’idées, un lieu d’audace et d’innovation, de partage et d’universalité, d’hybridation de plusieurs mondes – cinéma, télévision, photo et vidéojournalisme, jeux vidéo, animation, graphisme, webdesign et médias sociaux.

● Des formes variées et exigeantes au delà des genres documentaire ou fiction, le champ et le panorama du secteur (pages ci-dessus) démontrent une grande diversité des formes, que nous vous invitons à découvrir également dans les pages dédiées aux producteurs.

● L’essor du « showrunner transmédia »

Si Upian revendique un savoir-faire issu du mariage entre son activité de studio (webdesign) et la production audiovisuelle et cinématographique, avec l’envie d’agréger des talents venus de l’extérieur, force est de constater que tous les producteurs font travailler des équipes pluridisciplinaires réunissant des auteurs et des réalisateurs, des développeurs, des game designers, des designers d’interaction, des graphistes, des directeurs artistiques, des community managers, des créateurs d’objet communicants, etc. Ces équipes « plurielles » fonctionnent toutefois avec d’autant plus d’efficacité qu’elles sont pilotées par un chef d’orchestre, ou « showrunner transmedia », capable d’endosser la responsabilité artistique et éditoriale d’un projet tout en maîtrisant l’ensemble du processus de création.

Pour intégrer ces savoir-faire, certains ont pris le chemin d’associations de producteurs, comme le « label Red Corner » qui réunit Bellota films et What’s Up films pour mutualiser les développements et produire des projets transmédia. La nouvelle société Imprudence revendique de son côté, avec ses 8 associés âgés de 30 à 60 ans, un éventail de profils multigénérationnels capables ensemble d’anticiper ce que sera le monde digital de demain : « Nous considérons que tout devient média, les individus, les marques, les villes, les territoires, et que le média du futur se situe à la convergence de tous ces domaines ». Ceci étant dit, la majorité des producteurs prennent la forme de sociétés « accordéon », selon la métaphore employée par Darjeeling.

Les méthodes de travail changent elles aussi, entre gestion de production classique, process par itération – d’usage dans le monde du jeu vidéo – et outils de collaboration en ligne (type Basecamp). Il arrive par exemple de plus en plus souvent que les « scénarii interactifs » se présentent sous des formes nouvelles, prenant parfois l’allure très concrète de storyboards de plusieurs mètres de long, comme David Dufresne en a désormais pris l’habitude avec le webdocumentaire « Prison Valley » ou le jeu documentaire « Fort McMoney » (réalisés avec Philippe Brault). La fulgurante ascension de Studio Bagel s’explique aussi par la méthode de travail en équipe mise en place autour des idées jusqu’à leur mise en œuvre.

● Questionnements sur « l’auteur » 

Chaque projet vient bousculer un peu plus la traditionnelle notion d’auteur, comme le souligne « Les Films d’Ici 2 ». Le concepteur d’une interface de navigation qui va donner son sens et une intention à un webdocumentaire peut-il être considéré comme un co-auteur de l’œuvre ? Est-ce que le régime de l’œuvre collective peut s’appliquer à la production d’un jeu vidéo pour un acteur audiovisuel ? Autant de questions qui trouvent leurs réponses au gré des cheminements, à force d’expériences, et qui sont prises très au sérieux par les sociétés de gestion de droits (SCAM et SACD).

A œuvres nouvelles, configurations nouvelles, donc… et inédites ! Comme l’expose Imprudence, il y a des mariages hétérodoxes à provoquer en alliant « la force d’innovation, intuitive et sans prise de tête des créateurs de jeux vidéo avec le propos politique ou narratif de certains auteurs venus du journalisme, de la littérature ou de la philosophie ».

● Une quête permanente d’expertises et de formations

Small Bang l’affirme avec malice : « Notre école , c’est internet ! ». Il existe tout de même de très bonnes formations qui constituent de solides viviers d’expertises comme les Gobelins (IDE, Design interactif, MICNI), le Master « Création et édition numériques » de l’université Paris VIII, ou encore l’ENJIM… Citons également, pour les community managers, le CELSA et Science Po avec son Master en communication. La Générale de Production rappelle d’ailleurs à ce titre l’importance de ces acteurs dans les projets : ils ont des rôles éditoriaux primordiaux, proches du jeu d’un acteur en webfiction ou d’une mission de journaliste en webdocumentaires et webmagazines.

S’agissant des recrutements, la majorité des producteurs interrogés expliquent qu’ils opèrent souvent par recommandation, parfois via Twitter, plus généralement suite à des rencontres lors de festivals, de conférences ou d’évènements comme I love Transmedia depuis 3 ans.

  • Collaboration avec les producteurs de télévision ou de cinéma :                                     Un travail d’équipe et des rapprochements nécessaires de plus en plus de « nouveaux producteurs » sont eux-mêmes sollicités pour leur savoir-faire par des producteurs « traditionnels » de télévision ou de cinéma qui veulent enrichir leurs programmes de nouvelles expériences web. Selon les projets, ce sont des savoir-faire en matière de conception, de co-production déléguée ou encore de web et gamedesign qui seront recherchés. De manière exemplaire, la webproduction d’Upian « Génération quoi ? » a aussi clairement servi de fer de lance à la série documentaire éponyme produite par Yami 2 pour France 2.

III.2) Des diffuseurs en mutation : La fin du « web vs. TV »

● Le rôle moteur du service public allié au CNC et de l’écosystème YouTube

« Sans ARTE, France Télévisions et le CNC, les nouvelles écritures n’existeraient pas.

C’est la clé de voûte du système ». Ce constat dressé par La Générale de Production est largement partagé par l’ensemble des producteurs et productrices interrogés. Canal +, qui n’a jamais vraiment été intéressé par les webdocumentaires, avait pourtant initié une stratégie d’expériences web autour de ses séries de création originale. Aujourd’hui, ce sont plutôt les talents issus de YouTube, susceptibles de faire de l’audience sur ou via les médias sociaux, qui priment. Le succès de Studio Bagel et l’activité de production de The Social Company en témoignent, et cela s’avère cohérent avec le Multi Channel Network que Canal+ développe avec sa régie publicitaire.

Pour les webséries, le jeu a l’air de s’ouvrir un peu plus avec Studio 4.0 lancé par FTV Nouvelles écritures , Canal Play  le service de SVOD qui a créé un corner dédié aux webséries , avec la chaîne de shortcom « Rendez-vous à Paris » éditée par Fablabchannel et bientôt par ARTE .

Pour éviter tout malentendu, les grandes chaînes ont toutes fortement investi dans leurs sites web et applications mobiles, sur les plateformes de catchup et de VOD, sur la dimension sociale de leurs programmes de flux ou d’évènements live, mais peu ont investi le champ de la webcréation.

Le cas de TF1, avec la série « Clem », est intéressant puisque l’idée, la conception et la production du blog et de la première websérie « Clem en coloc » ont été totalement réalisées dans un processus d’innovation au sein même du département fiction. C’est cette démarche disruptive interne à TF1 qui nous a intéressée et qui explique la présence du groupe privé dans ce rapport.

Souhaitons néanmoins, pour l’économie du secteur, que TF1 et eTF1 perçoivent l’intérêt de travailler d’avantage avec de nouveaux producteurs extérieurs, sans trop concevoir et produire en interne… M6 présente de son côté une stratégie proche de celle de Canal+, avec Golden Moustache et son studio de production intégré. Les chaînes de la TNT et les chaînes thématiques ne sont pas encore parvenues à ce stade de développement, à quelques expériences près. A suivre, donc…

Dans une autre mesure, et comme le souligne Darjeeling, il perdure une demande insuffisante et fragile : « Avec 30 à 40 projets diffusés chaque année en France, il n’y a que peu d’élus parmi les centaines de producteurs qui existent sur le territoire ».

La majorité de diffuseurs resterait donc frileuse, même si chacun est conscient qu’il n’y n’existe pas encore de puissance web équivalente à la télévision, en matière de revenus et de publicités notamment… Mais pour combien de temps encore ? Le dirigeant de Netflix n’annonce t-il pas la fin de la télévision linéaire dans 15 ans ? (Il est vrai que c’est là son intérêt…).

● Des départements web chez les diffuseurs salués pour leurs compétences

Particulièrement chez ARTE et France Télévisions Nouvelles écritures, les producteurs apprécient des relations de travail avec des interlocuteurs qui partagent leurs ambitions et leurs connaissances de cette culture du web. De l’avis général, les discussions autour des projets font progresser les productions et permettent de bénéficier d’expertises bienvenues, par exemple sur les mises en marché d’applications mobiles.

Aussi, et comme le souligne Small Bang, « les chargés de programme web sont également les évangélisateurs de leurs propres structures en interne, auprès des chargés de programmes TV et de leurs directions ».

● Web et TV, l’indispensable lien et le lien indispensable

« Il nous faut dévier vers l’antenne », estime-t-on chez Agat Films, car le pouvoir de décision et les budgets demeurent concentrés sur les programmes de télévision, alors même que de plus en plus de directeurs ou chargés de programmes en fiction et en documentaire sont désireux d’aller vers des projets plus globaux, plus forts, plus innovants, plus engageants, et qu’ils ont besoin de travailler de plus en plus avec les équipes web internes comme avec les « nouveaux producteurs ». Ainsi, les collaborations entre « nouveaux producteurs » et producteurs traditionnels se multiplient pour enrichir des fictions ou des documentaires, un croisement de compétences qui répond à une demande croissante de certains directeurs de programmes.

A ce titre, la télévision peut être une deuxième fenêtre pour la webcréation. En effet, de nombreux webdocumentaires sont ensuite adaptés en documentaires pour l’antenne : ce fut le cas d’« Alma » et de « Prison Valley » ; ce le sera prochainement pour « Fort McMoney » (toujours sur ARTE) ou encore pour « Stainsbeaupays » sur France 4.

Quant aux webséries, aucun obstacle de diffusion TV /SVOD ne se pose pour ces formats linéaires courts, que ce soit sur Canal+/Canalplay, sur France 4 et son label Studio 4.0 (bientôt rebaptisé Studio 4) ou encore sur ARTE.

III.3) De nouvelles relations avec l’audience

Le web a au moins trois spécificités structurantes soulignées par les « nouveaux producteurs » comme par les diffuseurs :

1. C’est un média qui permet une relation directe avec l’audience puisque celle-ci peut directement commenter, partager, aimer ou pas, être active dans le cas d’un jeu ou de programmes collaboratifs et participatifs ;

2. L’audience se mesure quasiment en temps réel ;

3. Le web est rarement un média de masse ; il s’adresse davantage à des niches (de fans ou de militants, par exemple), qu’elles soient locales au mondiales.

Le cœur du réacteur, chez les diffuseurs comme chez les producteurs, reste donc concentré autour de la relation aux audiences. Et aux nouveaux enjeux qui se posent correspondent de nouveaux défis.

  • La fin du média de masse implique d’aller reconquérir les audiences autrement                  S’ils apprécient la liberté et la moindre pression présents sur le web, tous les producteurs et productrices interrogés sont conscients et désireux de la nécessité d’atteindre des audiences plus importantes. Il n’est d’ailleurs pas rare que l’audience atteinte par des webdocumentaires ou des webséries atteigne plusieurs centaines de milliers de vues. La reconquête des publics, c’est le métier du diffuseur qui doit, là aussi, évoluer vers une meilleure maîtrise des plans de promotion et de recommandations de ses programmes en ligne en y consacrant des investissements probablement croissants. Les producteurs sont assez unanimes sur ce sujet ; certains évoquant même la possibilité d’allouer 10% du budget d’un projet aux dépenses engagées après la mise en ligne. Par ailleurs, la « cross promotion » à l’antenne de webcréations liées à des programmes TV a évidemment un impact direct et mesurable sur l’audience en ligne : les résultats en termes de visiteurs supplémentaires sur l’opération « Génération quoi ? » de France 2 sont assez spectaculaires après le relais à l’antenne. Les producteurs suivent aussi les audiences en intégrant leurs propres outils de mesure dans les codes de leurs webcréations. Kids Up Hill explique qu’il faut ne pas oublier que « nous nous adressons à des audiences, et non à un diffuseur ». En ce qui concerne les critères de mesure, les producteurs se disent attentifs, en fonction des projets, au nombre de visiteurs/vues, au temps passé, à l’engagement (partage, commentaires et like), à la provenance des internautes, voire à la communauté et à la caractérisation de la « cible ». En d’autres termes, et comme l’évoque Endemol : « Il faut assumer que le média de masse et son offre consensuelle ont vécu. C’est en tout cas une réalité sur le web. »

● Le relations avec la presse et les éditeurs en ligne : un pour tous, tous pour un ?

Beaucoup de webcréations font aujourd’hui l’objet de partenariats avec des éditeurs en ligne comme Le Monde, Télérama, Les Inrocks, Médiapart, Courrier International, Rue89. Le Nouvel Obs, le Figaro, etc. Les chaînes du service public voient un intérêt à partager leurs webcréations pour en accroître la visibilité et toucher le plus grand nombre, et les éditeurs de presse ont intérêt à proposer des programmes audiovisuels de qualité à leurs audiences en ligne. A noter que, pour Agat Film, un bon partenaire presse est celui dont la rédaction s’implique aussi éditorialement autour de la webcrétion dont il est partenaire de la diffusion. Cette configuration est aujourd’hui assez peu répandue, et certains producteurs n’hésitent pas à confier leur déception sur ce sujet. Ajoutons à cela que l’apport numéraire de ces partenaires, quand ils se substituent à de réels diffuseurs, reste très modeste. Autre expérience intéressante : celle de « Connected Stories », produit par CAPA, qui syndique des contenus et des articles réalisés par des partenaires médias autour de la série de format long sur les droits humains portée par Amnesty International. Le programme devient ici un assembleur et un coordinateur des contenus produits par les agences photos et les rédactions des quotidiens dans le cadre de projets communs.

● Vers un marketing créatif et social des programmes

La frontière entre marketing et programmes est parfois ténue, comme le montrent les webcampagnes créatives dites de « social TV » de Darewin autour de programmes tv ou cinéma existants pour faire vivre des personnages ou des expériences sur Twitter.

De son côté, Orange, intéressé depuis longtemps par le transmédia, prend l’initiative de développer la première application compagnon autour de la série de HBO « Game of Thrones », pour renforcer le lien avec les abonnés et prospects d’OCS. Orange précise sa volonté de conserver sur le web une approche qualitative de niche dans un environnement de marché de masse. Autre illustration avec TF1 : la « promotion 360 » rebaptisée « Transmédia » des départements fiction et animation a fait revivre les personnages de Clem et de Caliméro sur les réseaux sociaux avec des objectifs clairement marketing.

● De l’expérimentation à la création permanente de nouveaux outils et de processus de création

Les expérimentations en Recherches et Développement des années passées ont apporté de nouvelles manières d’aborder les audiences en ligne, avec notamment une simplicité ergonomique accrue et une meilleure compréhension des usages. Mais comme le conseille avec sagesse « Connected Stories by Capa» : « L’expérience utilisateur ne doit pas prendre le pas sur le fond sous prétexte qu’il s’agit d’une production digitale ».

Cinétévé relève de son côté que cette phase expérimentale a aussi concerné les contrats avec les diffuseurs et la gestion des droits, ou encore les processus de production… et c’est tout l’enjeu d’un cheminement en cours vers plus de « standardisation » qui se joue actuellement.

A noter aussi l’apport important de deux logiciels français, Klynt et Racontr, conçus comme des outils simples pour faciliter la création d’expériences interactives et d’œuvres multimédias sans avoir besoin de savoir coder. Ils sont majoritairement utilisés aujourd’hui par des journalistes, réalisateurs, graphistes, agences de communication, écoles, centres de formation… et ils sont en plein développement.

● Une relation avec l’audience qui s’inscrit dans un temps long

Comme toute production, il y a le temps d’un développement en amont, qui peut d’ailleurs s’avérer complexe, puis le temps de la production, et celui de la mise en ligne.

L’usage (et les contrats de diffusion) veut que les webcréations restent en ligne pendant plusieurs années ; la relation avec les audiences peut donc se prolonger. Le besoin de maintenance du site ou de l’application comme l’accompagnement du programme sur le long terme devient parfois nécessaire et salutaire.

● Etre (tenté de devenir) un média

Si La Blogothèque a commencé par être un média avec ses « concerts à emporter » (300.000 fans cumulés sur Facebook et Twitter), avant de devenir producteur, Endemol a suivi le chemin inverse : le groupe a en effet décidé d’investir dans la création de chaînes sur YouTube avec des talents du stand-up et de la webfiction. « Il y a un vrai challenge à entreprendre et réussir sur le web lorsque que l’on vient de l’audiovisuel », explique t-on. Depuis que Canal+ a investi dans Studio Bagel, the Social Company continue à produire des contenus pour les chaînes du groupe Canal, mais pas seulement. Youtube et de moins en moins Dailymotion sont des rampes de lancement pour de nombreux talents « auteurs, performers ou réalisateurs, jeunes producteurs », comme par exemple pour Yaré Yaré production qui a d’abord lancé sa websérie « J’aime mon job » sur Dailymotion (meilleure websérie au festival de Luchon) avant d’être repérée par « Rendez-vous à Paris ».

III.4) Questions business et financements

● Un marché difficile à évaluer, mais encore trop faible et dépendant du secteur public

L’apport cumulé du CNC (aide sélective aux nouveaux médias et web COSIP), des aides régionales au transmédia et des diffuseurs français au financement des œuvres de webcréation est de 20 à 30 millions d’€ en 2014. Or, c’est ainsi que l’expose Small Bang : « Seulement 1% du budget des chaînes publiques serait consacré aux webcréations, alors que le bénéfice en termes d’image et de captation des audiences plus jeunes est bien réel ». Pour Les films d’Ici 2, « Le webdocumentaire n’existerait pas, comme le documentaire d’ailleurs, sans politique volontariste de la part des pouvoirs publics qui accompagnent les francs-tireurs ». La Générale de Production pointe du coup le risque d’une trop forte dépendance du secteur par rapport au service public.

Caméra Lucida affirme de son côté que plusieurs producteurs traditionnels sont motivés par la webcréation mais regrettent dans le même temps un relatif manque de financement. Ils souhaiteraient également davantage de retombées économiques…

D’autres pistes de financement restent bien sûr à expérimenter et à inventer. Elles reposeront sans doute sur l’hybridation des ressources, publiques et privées, et sur l’élargissement des opérations de type crowdfunding.

● La chasse aux talents fait monter les prix des « YouTubers  » 

L’argent injecté sur la création de chaînes originales sur YouTube par des diffuseurs (Surtout Canal+ puis M6 et France tv notamment) n’est pas à sous-estimer tandis que des producteurs comme Endemol, et d’autres encore, souvent dans le monde de l’humour, s’inscrivent clairement dans des logiques d’investissement à long terme. Les talents sur YouTube sont ainsi de plus en plus sollicités par les généreuses agences publicitaires, mais pas que…

● Risques, co-productions et diversification des financements

Lutter contre le low cost reste une préoccupation de tous les jours et, à périmètre égal, il n’y a aucune raison que les webcréations coûtent moins cher que celles de la télévision.

La faiblesse de la demande conjuguée à cette menace a obligé les producteurs à chercher des solutions de financement diversifiées, au-delà du CNC, des aides publiques et des diffuseurs TV. Des co-productions, notamment avec le Canada, la Belgique et l’Allemagne, s’ébauchent sur des projets d’envergure pour Upian ou encore Agat Films. Des producteurs qui regrettent parfois l’absence de traité franco-canadien sur les œuvres interactives pour les nouveaux médias, ce qui rend les relations compliquées, notamment sur le plan financier.

La presse contribue aussi à des co-financements minoritaires (mais parfois très utiles), tandis que certains webdocumentaires sont financés par des ONG, des institutions, voire des entreprises.

Imprudence appuie en conclusion qu’il est « difficile de ne dépendre, en gros, que des deux seules chaînes qui investissent courageusement dans le transmédia (le pôle web d’ARTE et des nouvelles écritures de France Télévisions) », et qu’il faut aussi « s’inspirer des modèles économiques éprouvés par les jeux vidéo (avec du micro-paiement et du crowdfunding, par exemple) mais aussi savoir se tourner vers des marques ».

● Le crowdfunding, une réelle contribution financière… pour les auteurs

Si Kisskissbankbank et Ulule ont réussi à collecter une dizaine de millions d’euros en 4 ans en France pour des films et de la vidéo, les producteurs ne considèrent pas ces plateformes comme pouvant fondamentalement les aider à contribuer au financement de leurs projets.

Tous pointent l’insuffisance relative des communautés de fans autour des projets, ou encore le mode de rémunération plutôt réservé aux projets personnels ou de collectifs militants, et moins pour des professionnels de l’audiovisuel (qui bénéficient déjà, d’une manière ou d’une autre, des ressources acquittées par chaque Français dans le cadre de la redevance).

III.5) . Open Vision : en mode majeur

● La stratégie bi-média des diffuseurs en question

Sans stratégie bi-média des diffuseurs, il est difficile d’imaginer que les productions web se développent beaucoup plus dans l’avenir, comme le pointe Quark. De leur côté, Les Films d’Ici 2 affirment comme une évidence : « Avant nous faisions des films, maintenant nous faisons des films et des programmes interactifs ». L’investissement des diffuseurs dans des programmes bi-média peut aussi avoir des effets pervers : en accentuant leurs efforts sur des « déclinaisons web » de leurs programmes destinés à l’antenne, d’aucuns redoutent, à terme, qu’ils produisent moins d’œuvres webnatives de qualité.

● Evolutions technologiques et révolutions des usages

Honkytonk, producteur et développeur de l’outil de programmation interactive Klynt, se définit comme « un lieu où l’on vient chercher des savoir-faire, en matière de technologies et de récits » et envisage déjà que l’avenir de la narration audiovisuelle soit très vite impacté et influencé par le jeu vidéo comme par l’arrivée des casques de réalité virtuelle (type Oculus Rift). Les nouveaux producteurs et diffuseurs comme ARTE et Canal+ semblent eux aussi séduits. L’essor des écrans personnels (smartphones et tablettes) et l’évolution des réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Vine, Instagram) inspireront également, dans un futur proche, les auteurs confirmés comme les nouveaux auteurs de tous horizons.

● Des savoir-faire acquis pour aller vers d’autres clients

Tous médias ! Les institutions, les villes et les marques ont toutes des sites web, une présence sur les réseaux sociaux, une chaîne sur YouTube ou Dailymotion. Les « nouveaux producteurs » ont de vrais atouts pour proposer des webcréations audiovisuelles et des expériences nouvelles. Du « brand content » aux expériences plus artistiques pour les musées ou plus politiques comme la démocratie participative par exemple, les « nouveaux producteurs » ont beaucoup d’atouts : il faut juste plus et mieux le faire savoir. Fabernovel, réputé pour son engagement dans l’innovation numérique, prophétise d’ailleurs que les producteurs auront toutes les compétences en termes d’écritures, de réalisation et de maîtrise du web pour appréhender l’avenir de la création.

● L’enjeu de l’international

Dans le sillage d’Upian, précurseur avec le webdocumentaure « Gaza/Sderot », Agat Films réaffirme qu’il faut se tourner vers l’international : les productions en ligne sont, sauf exception, non géo-bloquées ; et les projets de fiction globale ou d’expérience documentaire ambitieuse ont besoin de financement à hauteur de plusieurs millions d’euros.

C’est aussi une conviction que partage France Télévisions Distribution avec certaines chaînes lancées sur YouTube : le potentiel d’audience est mondial, il faudrait alors se donner les moyens de toucher les internautes au-delà de son propre territoire. La chaîne dédiée sur Youtube à la toute nouvelle série d’animation « The Evening Cigarette » coproduit par France Télévisions et Fablabchannel devrait être un bon cas pratique vu sa cible (1 milliard de fumeurs) et son humour noir sans parole et donc universel.

Claire Leproust Maroko  Fondatrice de Fablabchannel – Transmedia Creation : production et channel management

 

ANNEXE sur les NOMBREUX MARCHES ET FESTIVALS S’OUVRENT A LA WEB CREATION :

En France :

● Le Sunny Side of the Doc : https://www.sunnysideofthedoc.com/fr/

● Le FIGRA :  https://www.figra.fr

● Le festival de la fiction TV La Rochelle avec un prix pour les wébfictions : https://www.festivalfictiontv.com,

● Le MIP TV et MIP COM

● Le marché du film pendant le festival de Cannes a ouvert en 2014 son pavillon dédié au transmédia et au cinéma de demain :  https://www.marchedufilm.com/fr/next

● Les Cross Vidéo Days : https://www.crossvideodays.com

● Le Mobile Film Festival : https://fr.mobilefilmfestival.com/

● Le Webprogram Festival : https://www.webprogramfestival.tv

● Série Mania : https://www.forumdesimages.fr/lesfilms/lesprogrammes/seriesmaniasaison5

● Le Forum Blanc : https://www.forumblanc.org/

Des festivals classiques s’ouvrent progressivement aux Web Créations, comme Cinéma du Réel, Films Femmes Méditerranée, Visions du Réel, Visa pour l’Image, etc.

● I Love Transmedia : https://www.ilovetransmedia.fr

A l’initiative des « nouveaux producteurs » et notamment Jérérmy Pouilloux de la Générale de production, la Transmedia Immersive University réunit une quarantaine de professionnels qui accompagnent et suivent une dizaine de projets d’étudiants d’écoles comme le CELSA, l’ENJIM, les Gobelins…

La restitution des projets transmédia se déroule chaque année en octobre à la Gaité Lyrique. 

A l’international :

● L’IDFA à Amsterdam : https://www.iamsterdam.com/

● Le Sheffield Doc/Fest : https://sheffdocfest.com

● DOK Leipzig : https://www.dokleipzig.de

● Le Festival du Nouveau Cinéma de Montréal :  https://www.nouveaucinema.ca

● Les Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal = https://www.ridm.qc.ca/fr

● Le SXSW d’Austin au Texas : https://sxsw.com

● Les Festival Tous ecrans à Genève :  https://www.tousecrans.com/

● Les Millenium Webdoc Meetings à Bruxelles :  https://www.milleniumwebdoc.com/

● Le Liege Web Fest : https://liegewebfest.be/

● Doc Montevideo en Uruguay : https://www.docmontevideo.com/en/

● Power to the Pixel à Londres : https://www.powertothepixel.com/

FOLIO VIDEO, les classiques comme vous ne les avez jamais lus ! Chronique France Info du 19 juin 2014

FOLIO VIDEO, une nouvelle collection de livres classiques enrichis de vidéos, lancée par FOLIO, présentée dans « Histoires connectées » du 19 juin 2014, la chronique de Claire Leproust dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudis  à 9H15 sur France Info.

Claire Leproust : Au lendemain des épreuves écrites du Bac Français, mais avant les oraux, cette collection originale tombe à pic avec 4 premiers livres classiques déjà sortis sous forme d’applications à télécharger sur son ordinateur, son smartphone ou sa tablette. Le principe est qu’en plus du texte complet, on trouve des vidéos d’analyses écrites par des professeurs agrégés et surtout interprétées par des comédiens de stand up ou de séries télé.

Olivier Emond : L’idée de l’éditeur Folio n’est pas de remplacer le temps et l’effort de la lecture, mais plutôt de trouver une nouvelle façon d’attirer les adolescents vers les classiques de la littérature française, en utilisant la vidéo qui est plus dans leurs usages ou même des jeux quizz, en résumé une lecture plus ludique…

C.L : Disons que lorsque l’on voit comment un certain nombre de bacheliers ont réagi hier sur les réseaux sociaux en insultant Victor Hugo et son poème « Le crépuscule » qui était à commenter dans une épreuve de Bac, on peut se dire que ces lycéens sont nuls, mais on peut aussi essayer de comprendre leur désarroi face à des vers manifestement incompris. C’est donc important que des éditeurs innovent dans la manière de transmettre le savoir, et Folio est probablement sur une bonne piste en s’associant à un producteur comme Kabo qui a choisi les comédiens et proposer une narration par la vidéo plus adaptée aux écrans mobiles.

 

Capture d’écran 2014-06-19 à 18.55.47

 

O.E : Alors les 4 premiers livres de cette collection déjà en ligne sont Candide de Voltaire, Les fleurs du Mal de Baudelaire, les fables de Jean de La Fontaine et l’Ecole des femmes de Molière dont on peut écouter un extrait vidéo pour montrer le ton.

C.L : L’école des femmes a été écrite par Molière en 1661 et c’est la voix de Claudia Tagbo, une humoriste passée par le Jamel Comedy Club qu’on vient d’entendre et qui a été choisie pour interpréter les commentaires de cette pièce de théâtre dans plus de 44 vidéos. Et comme on vient de l’entendre, elle a aussi le ton pour parler de ces hommes qui préféraient garder leurs femmes ignares que savantes et que Molière avait décidé de ridiculiser.

Vous pouvez retrouver la collection FOLIO+VIDEO en téléchargeant chaque livre numérique au prix de 4,99 € sur sur tablette ou smartphone et vous pouvez aussi regarder sur le site de votre libraire. Rendez-vous aussi sur la chaîne YouTube

 

PREMIERE CAMERA, le concours doc et webdoc avec Capa et Groupe AB

Vous voulez dire, monter, vous voulez parler et faire parler. Caméra au point ou à l’épaule, c’est le moment de vous lancer ! 

PREMIERE CAMERA, c’est un appel à création à l’initiative de Claire Leproust, dédié au documentaire dans tous ses états et ouvert à tous les jeunes talents, associant le groupe AB et ses chaînes thématiques, Capa, France Info, KisskissBankBank et l’outil webdoc Racontr. 

Le jury composé de journalistes, responsables d’antennes et de producteurs récompensera le meilleur documentaire, ainsi que le meilleur webdoc. Claire Leproust, fondatrice de Fablabchannel fera aussi partie du jury !
Le lauréat du prix du meilleur webdoc verra son projet produit par Capa et diffusé sur France Info. 

Participez sans plus attendre en déposant votre projet et en réussissant votre collecte sur KissKissBankBank entre le 19 mai et le 14 septembre 2014.

Expos de Photoreporters à Paris

Des expos de photoreporters éphémères, une idée de Myriam Bouagal, Galeriste à Paris et de Claire Leproust. 

En Décembre, c’était une dizaine de photos de Philippe Brault autour du webdocumentaire de David Dufresne « FOR MCMONEY », un succès et des tirages limités toujours en vente !

 

Fort McMoney

Si l’enjeu est toujours politique, la photographie de Philippe Brault ne saurait cependant se circonscrire à sa seule fin journalistique ; la question du temps de la prise de vue étant envisagée indépendamment de l’événement médiatique dès son premier reportage sur les « Khmers noirs » en 1993. Sa démarche, son esthétique s’inscrivent pleinement dans la veine d’un nouveau documentaire, toujours plus poétique et distancié (Joana Anisten 2010). 

Fort McMoney
De ces quelques années passées comme assistant caméra, il lui est resté aussi la passion pour l’image en mouvement. Depuis « Prison Valley » (2010), web documentaire qu’il co-réalise avec David Dufresne, il jongle à nouveau entre appareil photo et caméra. Comme ici pour Fort McMoney. 

VENEZ DECOUVRIR L’EXPO PHILIPPE BRAULT !

 
Photos de Philippe BRAULT autour du webdoc « FORT MCMONEY » 
Galerie MYRIAM BOUAGAL 

« A BOUT DE SOUFFLE », le grand format interactif de l’Equipe – Chronique France Info du 15 mai 2014

« A BOUT DE SOUFFLE », un grand format interactif de l’Equipe, sur la plongée en apnée dans les grandes profondeurs,  présenté dans «Histoires connectées» du jeudi 15 mai 2014, la chronique dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudis à 9h15 sur France Info.

Chronique indisponible pour le moment.

Chronique écrite : 

Claire Leproust : « A BOUT DE SOUFFLE »… Un titre emprunté à Godard pour parler de ces plongeurs qui font ce qu’on appelle du NO LIMIT. Mais au-delà des records de plongée – 214 mètres est le record officiel et sûrement 253 mètres, un record officieux du même autrichien, Herbert Nitsch, ce grand format de l’Equipe nous entraîne dans une dimension qui va bien au delà de la performance sportive, celle d’une grande liberté mais aussi onirique.
C’est d’ailleurs le mythe de l’homme dauphin qui a été l’une des raisons du succès du « Grand Bleu » produit par Luc Besson et qui avait fait 12 millions d’entrées au cinéma en 1988.

Le film a en effet été inspiré et adapté d’un livre écrit par l’un des plus grands apnéistes, Jacques Mayol. Ce livre est devenu une bible presque philosophique, parlant de l’adaptation au milieu, du souvenir du liquide amniotique, et même de la première bouffée d’air au sortir de l’eau comme du ventre de sa mère. Tout un programme !

Olivier Emond : La médecine entre aussi en jeu, les plongeurs en apnée ont des limites physiques et parfois prennent de très grands risques. 

C.L : Oui, beaucoup ont connu des accidents comme Herbert Nitsch en 2012 qui a fait une syncope vers -100 mètres . D’autres y ont laissé leur vie car cette expérience de plongée abyssale a évidemment ses limites, le coeur ralentit à 20 pulsations/mn, les poumons se compriment comme une orange flétrie, le sang afflue, des bulles d’azote s’installent dans le cerveau, les tympans doivent aussi résister… Enfin, il faut se contenter du peu d’air qui reste jusqu’à la surface… 

O.E : Le grand format de l’Equipe termine sur la Narcose, c’est l’ivresse des plongeurs.

C.L : C’est un état second entre réel et imaginaire, entre rêve et angoisse,  dans lequel se trouvent les plongeurs en apnée. Le français Guillaume Néry explique ses visions dans un court métrage…

Un grand format composé de beaux textes, photos et vidéos sur les plongeurs no limit, il s’appelle « A BOUT DE SOUFFLE »  et c’est sur le site et l’application de l’EQUIPE depuis ce matin.

 

Deux webdocs dédiés au centenaire de la guerre 14-18 – Chronique France info du 20 mars 1914

 Apocalypse, 10 destins et 1914, dernières nouvelles, deux webdocumentaires qui accompagnent les deux grandes séries documentaires dédiées au centenaire de la guerre 14-18 de France 2 et d’Arte, présentés dans « Histoires connectées »du jeudi 20 mars 2014, la chronique de Claire Leproust dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudis à 9h15 sur France Info.

Retrouvez la chronique à 4’09  ! 

La chronique écrite :

Claire Leproust : En effet, vous êtes presque 6 millions à avoir suivi mardi dernier sur France 2 les deux premiers volets d’Apocalypse qui montrent en cinq épisodes l’horreur absolue de la première Guerre Mondiale grâce au formidable travail de sélection, de montage et de commentaire des archives, dirigé par Isabelle Clarke et Daniel Costelle, les réalisateurs.

Le succès d’audience montre l’intérêt qu’on porte à notre histoire et salue le travail de mémoire d’une série qui porte un regard mondial et universel sur la grande guerre. Les 3 prochains épisodes sont à venir dès mardi prochain.

Olivier Emond : Donc en complément de cette série télévisée, France TV Nouvelles écritures annonce la diffusion d’un webdocumentaire « Apocalypse, 10 destins » qui, on imagine, offre un contenu différent.

C.L : Ce grand webdocumentaire fictionné vise clairement à toucher une cible plus jeune en racontant 10 destins qui traversent la guerre auxquels on peut s’identifier : comme Margot, collégienne belge, habitant dans une ferme dans les Flandres françaises ou encore Dim Seed, un jeune journaliste américain d’origine grecque. 

La forme visuelle est aussi très moderne puisqu’elle mêle bande dessinée, animation, archives et musique. La musique que vous entendez d’ailleurs est celle de la bande annonce diffusée sur le site de France2 à partager sur les réseaux sociaux en attendant la sortie le 22 avril de cette production franco canadienne.

Voir « Apocalypse, 10 destins » ici !

O.E : Inversement pour ARTE, le webdocumentaire « 1914, dernières nouvelles » est déjà en ligne et précède quant à lui la diffusion de la série « 14, des armes et des mots », qui sera diffusée dès le 29 avril. 

C.L : Sur la série d’abord puisque le webdocumentaire vient l’enrichir, ce qui est intéressant ici c’est que le point de vue et le parti pris de la série télévisée d’Arte est de suivre et d’être sur la vie de 14 personnages qui sont de vrais témoins et dont la vie a été reconstituée à la façon d’une fiction grâce à leurs correspondances, leurs journaux intimes, leurs lettres et leurs photos. 

En ce qui concerne le webdocumentaire réalisé par Bruno Masi, il est bien en ligne depuis le 7 janvier et repose lui uniquement sur des images d’archives permettant de suivre au jour le jour, exactement 100 après, le quotidien et les évènements relatés dans la presse en 1914 jusqu’au jour de déclaration de la guerre de l’Empire allemand à la France le 3 août 1914.

Chaque jour une photo est postée, comme celle du 7 février 1914, où on voit des parisiennes rassemblées à Montmartre pour réclamer le droit de vote, ou encore une photo d’un des derniers tramway hippomobile à Paris, datant du 14 mars 1914. Sur cette photo, on voit un cheval tirant une voiture le long des rails sur la voie publique, allant de Saint Sulpice vers Auteuil.  
Une vidéo exclusive est aussi publiée chaque week-end, avec des scènes de vie anecdotiques et marquantes de l’avant guerre, comme dans cet extrait le passage du service militaire de 2 à 3 ans. 

Voir « 1914, dernières nouvelles » ici ! 

 

« Femmes polygames », le webdoc sur la polyandrie ! Chronique France Info du 13 mars 2014

« Femmes polygames », le webdocumentaire en cours de production, qui aborde le thème de la polyandrie dans trois pays : l’Inde, le Népal et la Chine,  présenté dans « Histoires connectées » du jeudi 13 mars 2014, la chronique de Claire Leproust dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudis à 9h15 sur France Info.

Retrouvez la chronique radio à 2’07 ici ! 

La chronique écrite : 

Claire Leproust : C’est un projet mené avec beaucoup de sensibilité depuis deux ans par deux jeunes journalistes : Anne-Julie Martin et Andrada Noaghiu qui abordent avec beaucoup de talent visuel et narratif une pratique très peu connue : la polyandrie, c’est le terme utilisé quand une femme a plusieurs hommes.

Ce webdocumentaire propose d’observer les règles de vie dans ces familles très singulières rencontrées dans trois pays, l’Inde, le Népal et la Chine où cette polygamie au féminin reste une pratique rare mais existe encore pour des raisons différentes qu’elles soient économiques, démographiques ou culturelles.

Olivier Emond : on est loin du matriarcat, où la femme se trouverait à la tête d’un harem d’hommes… En Inde par exemple, la polyandrie forcée s’explique par le déséquilibre démographique entre les femmes et les hommes.

C.L : A cause de cette élimination massive à la naissance des petites filles provoquée par des avortements voire des infanticides, il y a beaucoup moins de femmes, les hommes se retrouvant à devoir partager la même épouse comme dans ce cas au sein d’une même fratrie

O.E : Au nord-ouest du Népal, la polyandrie se passe aussi en famille, mais cette fois-ci pour des raisons économiques en milieu rural. 

C.L : Elle permet d’éviter le morcellement des terres lors des successions. Une femme rencontrée raconte que c’est quand même mieux d’avoir un seul mari, que cette situation est archaïque, et qu’elle génère beaucoup de conflits et de jalousie. La femme doit alors composer entre ses maris pour toutes les décisions notamment celles relatives à l’éducation des enfants.

O.E : Enfin, en Chine, la polyandrie découle d’une pratique aux mœurs plus légères, celle du mariage ambulant.

Oui, c’est celle des femmes de culture Na pour lesquelles le mariage et la fidélité n’ont pas d’importance, elles trouvent donc facilement des amants dans le même village. Un fantasme ou une vraie réalité, les deux journalistes avouent avoir eu plus de mal à filmer des témoignages directs.

Le webdoc a été sélectionné pour le FIGRA (Festival international du grand reportage d’actualité et du documentaire de société), fin mars au Touquet.

Tatoo By Tété, la série sur les tatouages / Chronique FranceInfo du 10 mars 2014

 Tattoo By Tété, une série sur les tatouages, animée par le chanteur Tété sur Youtube, présentée dans « Histoires connectées »du jeudi 10 mars 2014, la chronique de Claire Leproust dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudis à 9h15 sur France Info.

Retrouvez la chronique radio à 3’28 ici ! 

La chronique écrite : 

Claire Le proust : J’ai eu envie de parler de cette série parce que le tatouage est un vrai phénomène de société qui concerne 1 français sur 10 et plus de 4000 salons en France. Les tatouages ne laissent d’ailleurs pas indifférents, on aime ou on n’aime pas, on s’interroge parfois sur les raisons de se faire tatouer et la série TATOO réussit avec talent à nous faire aller au delà des clichés

Olivier Emond:  C’est le chanteur Tété qui anime cette série, comment lui est venue cette passion pour le tatouage ? 

C.L : Il raconte que son premier déclic, c’est quand il a découvert lors d’un voyage au Japon que son tout premier tatouage était le symbole du clan le plus puissant de Samouraïs au Japon.
Il a eu envie d’en savoir plus et s’est intéressé aux tatouages dits Old school, ceux des marins du XIXe siècle qui se faisaient tatouer leurs voyages sur la peau, avec des motifs comme l’ancre, l’étoile nautique ou encore la montgolfière. Tous symboles d’amour, de liberté ou de survie.

O.E: Ces hommes à la marge de la société se faisaient donc marquer la peau de façon indélébile, à la vie à la mort, avec des symboles forts comme cette fameuse boule de 8 qui signifie quoi alors ?

C.L : La boule de 8 renvoie à l’idée que la vie est un jeu de hasard, avec ses fortunes et ses infortunes. C’est d’ailleurs la boule gagnante au billard. Elle est symbole de longévité et de chance. Il nous parle aussi du navire… 

O.E : Dans chaque épisode le chanteur Tété va aussi à la rencontre de « grands tatoués » qui dévoilent des moments importants de leur vie qu’ils ont choisi de marquer sur le peau…

C’est dans ces séquences qu’on comprend la dimension émotionnelle et surtout personnelle de ces histoires de tatouage et comme dit Tété, elles révèlent pour chacun une vraie carte d’identité, un tampon d’évènements heureux comme dit Daphné Bürki.

Vous pouvez retrouver Tété dans la série « Tattoo by Tété » sur Youtube ici. La société de production, Believe, est une société française très dynamique dans la distribution de la musique en ligne.

 

Hommage à Alain Resnais… en podcasts ! – Chronique France Info du 6 mars 2014

Alain Resnais, l’un des plus grands cinéastes français est décédé à Paris samedi dernier.   Claire Leproust évoque les rares entretiens qu’il a accordé à la radio, disponibles en podcasts sur la site de France Culture,  dans « Histoires connectées »du jeudi 6 mars 2014, la chronique dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudis à 9h15 sur France Info.

Chronique radio indisponible pour le moment.

La chronique écrite :

Claire Leproust : Comme vous le savez, Alain Resnais est décédé samedi dernier à l’âge de 91 ans. Il était né à Vannes dans le Morbihan. Il est célébré aujourd’hui comme l’un des cinéastes les plus originaux et les plus complets, un grand homme qui ne s’est jamais arrêté de créer puisque son dernier film va sortir … en mars !

Olivier Emond : Alain Resnais était un homme de cinéma et donc de l’image, pourtant il n’a que très rarement voulu être interviewé, et il a particulièrement évité la télévision. 

C. L : Sûrement par timidité et c’est ce qui fait la grande valeur des entretiens qu’il a eu sur France Culture (avec le critique de cinéma Michel Ciment). Ces entretiens sont exclusifs pour la mémoire et le fait de les retrouver en podcast sur France culture, constitue vraiment une grande chance. 

O.E : Dans un autre entretien avec Claude Jean Philippe en 1980, Alain Resnais raconte qu’il a commencé sa carrière en étant attiré par les gens du spectacle.

C. L : Alors il est rentré dans ce milieu, d’abord comme comédien et il s’est mis au montage et la réalisation. Ses premiers films datent des années 50/60, c’est un cinéaste engagé, ses sujets sont graves comme « Nuit et Brouillard » sur les camps de concentration nazis ou encore « « Hiroshima mon amour » un scénario signé Marguerite Duras. 

A partir des années 80/90, ses films sont plus légers, il se laisse même tenter par la comédie musicale avec  « On connait la chanson » travaillé avec Agnès Jaoui et Jean pierre Bacri. 

Il est évidemment impossible de résumer son œuvre ici, mais il y a un thème qui semble la traverser, c’est celui des rencontres comme il le raconte à Michel Ciment en 2012 ici

O.E : Alain Resnais s’est en tout cas lui attaché à certains comédiens qui sont devenus des fidèles dans ses films comme c’est le cas de Sabine Azéma, Pierre Arditi ou encore André Dussolier.

C.L : Oui, il avait sa troupe, comme au théâtre qui était d’ailleurs sa grande passion. Très fidèle à ses acteurs, ses films eux étaient pourtant adaptés ou inspirés d’univers éclectiques comme la BD, la comédie musicale et la littérature aussi bien sûr. En ça, il est un peu notre Kubrick français. Mais les acteurs restent centraux. 

 Son dernier film « aimer, boire et chanter » sort le 26 mars et  sonne comme un hymne à la vie. Et si vous voulez éprouver quelques instants de vrai plaisir, on vous invite à écouter Alain Resnais lors de ces 7 grands entretiens disponibles en podcast sur le site et l’appli de France Culture.