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« Les expatriés du Sud-Oued à Paris » – Chronique France Info du 16 janvier 2014

« LES EXPATRIES DU SUD-OUEST A PARIS », un webdocumentaire diffusé sur le site Sud-Ouest.fr, présenté dans «Histoires connectées» du jeudi 16 janvier 2014, la chronique de Claire Leproust dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudi à 9h15 sur France Info.

Chronique radio indisponible pour le moment.

La chronique écrite : 

Claire Leproust : J’ai parlé la semaine dernière du webdoc  « Photo de classe » avec de jeunes écoliers de parents immigrés en quête de leurs origines et aujourd’hui, j’ai choisi de parler de ce webdocumentaire qui lui, donne la parole à ces « immigrés » à l’intérieur de la France, en l’occurrence venus du sud-ouest pour aller vers Paris.

Olivier Emond : C’est un sujet qu’a proposé Marie Deshayes, jeune journaliste de 26 ans du département web du quotidien régional Sud Ouest.

C.L : Après des études de journalisme à Science Po Montpellier et c’est en travaillant à la rédaction du site internet qu’elle a proposé de raconter des histoires d’émigration qu’elle a vécue enfant quand son père a décidé de ramener sa famille de Paris à Pau, sa ville natale. 
Elle a voulu comprendre en allant chercher des témoignages comment ceux qui changent de région et s’adaptent à leur nouveau lieu de vie, comment ils construisent un nouvel équilibre et quel lien ils gardent avec comme on dit  « leur pays », même si c’est en France.

J’ai aussi voulu parler de cette histoire, parce qu’elle permet de saluer le travail personnel de cette jeune journaliste qui a réalisé toute seule ce webdocumentaire, parce qu’elle aime le multimedia, les nouvelles formes d’écriture documentaires et qu’elle l’a réalisé en dehors de ses heures de travail sans compter ses heures pour y arriver. C’est un encouragement pour elle et pour le journalisme sur internet qui peut aussi apporter une vraie richesse éditoriale et pas que du buzz ou du flux de dépêches.

O.E : Après ce plaidoyer… au travers des portraits que le webdoc nous montre, pour quelles raisons ces expatriés du Sud-ouest sont ils venus et se plaisent-ils à Paris ?

C.L : En général, ils sont venus pour le travail, un emploi dans la fonction publique, un poste d’ingénieur ou encore se rapprocher de Paris, qui reste un aimant pour ceux qui évoluent dans l’artistique comme ce joueur de guitare ou cette écrivaine. Tous deux racontent que le désir de venir à Paris est venu de leurs lectures, pour l’une des auteures du XIXème et pour l’autre de magazines de rock.
Parmi les portraits choisis, on sent une satisfaction assez générale d’habiter Paris ou la région parisienne sur le plan du travail , comme avec ce couple de pompiers.
Mais tous parlent aussi des difficultés vécues comme le stress, le manque de temps, le temps des transports et surtout du logement.

S’ils n’ont pas tous envie de revenir vivre dans le sud ouest, ils sont tous unanimes, c’est là-bas qu’ils ont leurs attaches et qu’ ils y reviennent tous très régulièrement. Le personnage qui résume le mieux ce sentiment c’est Fabrice, qui ne peut pas se passer des férias.

O.E: Le webdoc est enrichi d’articles sur la démographie qui confirment que les français ne sont pas des grands mobiles même entre les régions.

C.L : Oui quelques chiffres sont très précis comme celui de l’Insee qui indique que 78% des personnes nées en Aquitaine y vivent toujours, et que 60% qui y vivent y sont nés. La population la plus mobile étant sans surprises : les jeunes, pour leurs études ou un travail.

Un webdoc qui se lie en scrollant, l’écran de bas en haut, et qui invite les internautes expatriés du Sud Ouest à témoigner par écrit. C’est sur le site de SudOuest.fr, « Les expatriés du Sud Ouest » !

« Photo de classe », le webdoc sur la diversité à l’école – Chronique France Info du 26 décembre 2013.

« PHOTO DE CLASSE », un webdocumentaire de TV5 Monde sur la diversité à l’école, présenté dans «Histoires connectées» du jeudi 26 décembre 2013 (REVOIR LA DATE), la chronique dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudi à 9h15 sur France Info.

Chronique radio indisponible pour le moment.

La chronique écrite : 

Claire Leproust : « Photo de classe », c’est un joli travail documentaire très frais qui se passe dans une classe de CE2 dans une école du 18 ème arrondissement de Paris où beaucoup d’élèves ont des parents qui ne sont pas nés en France. Pendant l’année scolaire 2012-2013, leur institutrice les a fait travailler sur leurs origines et l’histoire de leur famille.

Au début de l’année, l’institutrice met en place différents ateliers avec les enfants, le premier atelier consiste à raconter d’où chacun vient. On les voit aussi découvrir dans un autre atelier les langues parlées à la maison, chaque enfant devant faire deviner aux autres la signification d’un mot qu’il écrit à la craie sur le tableau noir.

Olivier Emond : Là où ce projet « Photo de Classe » prend vraiment son sens, c’est quand l’institutrice se rend compte que souvent les enfants ne connaissent pas bien l’histoire de leurs parents et pourquoi ils ont immigré en France. 

C.L : Chaque enfant a dû aller interviewer ses propres parents, comme un pro, on voit l’enfant derrière une caméra sur pied, un casque pour le retour du son, les parents assis en face. Par exemple, quand ce petit garçon demande à son papa venu de Guinée pourquoi il n’était pas allé à l’école, son papa lui apprend qu’il était l’aîné et qu’il devait garder le bétail. Une autre petite fille apprend que sa maman a connu la guerre en Iran et qu’elle n’est jamais rentrée de ses vacances en Europe à cause de la République islamique établie en 1979. Une autre mère venue du Portugal évoque elle la honte qu’elle ressentait parce que sa propre mère ne parlait pas bien français et qu’elle n’osait pas dire qu’elle était gardienne.
Et cette belle séquence des retrouvailles à l’aéroport racontée par une maman venue de Moldavie comme son mari.

O.E : Après avoir fait ce travail individuel et collectif avec la classe sur leurs origines, les enfants vont être invités par leur maitresse à discuter du racisme et de l’immigration et là ça donne des séquences savoureuses.

C.L : Oui il y a une scène où l’on voit deux enfants comparer leur couleur de peau, le plus noir des deux disant à l’autre qu’il n’est pas marron mais beige foncé et l’autre lui dit qu’il existe des peaux plus noires que la sienne, comme pour le rassurer. 

Avec cette dernière phrase « c’est pour ça qu’on a inventé le racisme, c’est pour que les humains se détestent sans se manger », on comprend qu’à 8 ans le racisme c’est absurde, qu’à cet âge dit de raison, il y a encore très peu de préjugés.

O.E : Est ce que ce webdocumentaire Photo de classe qui a rencontré beaucoup de succès auprès d’instituteurs et directeurs, pourrait s’étendre à d’autres écoles ?

C.L : Oui, d’abord parce qu’il a une vocation d’éducation dans le savoir-vivre ensemble, il faut rappeler qu’à Paris ou en Seine et Marne par exemple plus de 40 % des enfants ont un parent immigré. Et surtout, ce webdocumentaire a été conçu comme un outil mis gratuitement à la disposition des écoles, il suffit juste de s’inscrire sur le site.

Photodeclasse.org,  le webdocumentaire produit par l’agence Narrative a aussi été parrainé par Liliann Thuram. 

« La marché d’après », 30 ans de combat pour l’égalité – Chronique France Info du 5 Décembre 2013

« LA MARCHE D’APRES », un webdocumentaire sur 30 ans de combat pour l’égalité depuis la marche des beurs en 1983, présenté dans «Histoires connectées» du jeudi 5 décembre 2013, la chronique dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudi à 9h15 sur France Info.

Retrouvez la chronique radio à 6’13 ici ! 

La chronique écrite :

Olivier Emond : Peut être commencer par raconter comment vous avez découvert ce projet ?

Claire Leproust : Début 2013, j’étais interviewée dans l’hyper revue par Mathieu Beauval pour parler d’un prix que nous avions décidé de lancer en associant Capa, la chaîne toute l’histoire du groupe AB et la plateforme kisskissbank pour donner une chance à des jeunes  talents de réaliser leur projet documentaire. C’est comme ça que nous avons choisi « la marche d’après » présenté par 3 jeunes journalistes de 23 ans à peine sortis de l’école et qu’on leur a permis de réaliser leur idée.

Leur idée, c’était de parler de la marche, dont ils n’avaient justement jamais entendu parler.

O.E : Si le documentaire s’attache, lui,  à raconter sur 30 ans une histoire de l’immigration maghrébine en France, le webdocumentaire dont nous parlons ce matin propose de nous refaire faire le parcours des marcheurs de Marseille à Paris.

C.L : Le webdocumentaire propose de refaire le parcours des marcheurs de Marseille, Lyon, Strasbourg à Paris et de mettre en vis à vis, la situation en 1983 à celle d’aujourd’hui sur des problématiques comme le rapport à la police, l’urbanisme, la représentativité en politique et la question d’égalité et d’intégration.

Le webdoc s’ouvre sur Marseille, on aborde le thème de la police et des citoyens. En 1983, il y avait cette violence, des bavures policières souvent impunies et un jour, suite à une nouvelle agression d’un jeune français fils d’immigré, la décision de marcher, à la fois pour exprimer le ras le bol mais aussi, comme le dit ce prêtre, pour aller à la rencontre des gens sur les routes de France.

En 2013, les contrôles de police sont là dans les cités, ce sont des contrôles qui rassurent les habitants comme le dit une femme.

O.E : La politique de la ville est aussi abordée avec ces images de destruction de barres d’immeubles en 83 notamment aux Minguettes à Vénissieux près de Lyon.

C.L : Des images toujours impressionnantes de destruction de ces tours trop vite construites pour héberger des dizaines de milliers d’immigrés du Maghreb, venus travailler dans les usines de la région. La reconstruction de nouveaux immeubles un peu plus loin du centre et le départ des classes moyennes… 
En 2013, les cités sont là, avec une moindre mixité sociale, les difficultés scolaires, l’ascenseur social qui est en panne, et trouver un emploi est encore plus dur pour les jeunes et il faut le dire, encore quand leur nom sonne « arabe » ce que raconte dans le webdoc un jeune diplômé qui a commencé à recevoir des réponses à son cv quand il s’est donné un prénom qui sonnait français (de souche).

À Strasbourg, nouvelle étape, le webdoc aborde l’encore faible représentativité politique de la diversité qui a fait des progrès notables quand on compare 2013 à 1983 et enfin la question complexe de l’intégration et de l’égalité, quand la marche se culmine à Paris.

C’est la question du racisme et de l’inégalité qui a provoqué la marche, un acte pacifique et politique en 83, le webdocumentaire donne la parole à un sociologue, un rappeur, un ancien marcheur, l’ex patronne de radio heur. Tous parlent de l’évidence pour ces 3 voire 4èmes générations d’être français. L’islamophobie s’est développée depuis le 11 septembre, c’est évidemment une nouvelle forme de racisme.  Mais comme le dit ce sociologue, rien à voir avec la pratique religieuse de l’islam qui s’est développée notamment chez les jeunes comme un des éléments identitaires dont ils ont besoin. 

Le webdocumentaire est aussi très riche en animation pour raconter des anecdotes et données des chiffres clés. C’est la « marche d’après » réalisé Jenna Lebras, Lucas Roxo et François Hume et diffusé à l’adresse « lamarchedapres.com » et sur les sites du monde, de « Toute l’histoire » et de Capa.