« LA MARCHE D’APRES », un webdocumentaire sur 30 ans de combat pour l’égalité depuis la marche des beurs en 1983, présenté dans «Histoires connectées» du jeudi 5 décembre 2013, la chronique dans l’Hyper revue de presse d’Olivier Emond avec Fabienne Sintes, tous les jeudi à 9h15 sur France Info.
Retrouvez la chronique radio à 6’13 ici !
La chronique écrite :
Olivier Emond : Peut être commencer par raconter comment vous avez découvert ce projet ?
Claire Leproust : Début 2013, j’étais interviewée dans l’hyper revue par Mathieu Beauval pour parler d’un prix que nous avions décidé de lancer en associant Capa, la chaîne toute l’histoire du groupe AB et la plateforme kisskissbank pour donner une chance à des jeunes talents de réaliser leur projet documentaire. C’est comme ça que nous avons choisi « la marche d’après » présenté par 3 jeunes journalistes de 23 ans à peine sortis de l’école et qu’on leur a permis de réaliser leur idée.
Leur idée, c’était de parler de la marche, dont ils n’avaient justement jamais entendu parler.
O.E : Si le documentaire s’attache, lui, à raconter sur 30 ans une histoire de l’immigration maghrébine en France, le webdocumentaire dont nous parlons ce matin propose de nous refaire faire le parcours des marcheurs de Marseille à Paris.
C.L : Le webdocumentaire propose de refaire le parcours des marcheurs de Marseille, Lyon, Strasbourg à Paris et de mettre en vis à vis, la situation en 1983 à celle d’aujourd’hui sur des problématiques comme le rapport à la police, l’urbanisme, la représentativité en politique et la question d’égalité et d’intégration.
Le webdoc s’ouvre sur Marseille, on aborde le thème de la police et des citoyens. En 1983, il y avait cette violence, des bavures policières souvent impunies et un jour, suite à une nouvelle agression d’un jeune français fils d’immigré, la décision de marcher, à la fois pour exprimer le ras le bol mais aussi, comme le dit ce prêtre, pour aller à la rencontre des gens sur les routes de France.
En 2013, les contrôles de police sont là dans les cités, ce sont des contrôles qui rassurent les habitants comme le dit une femme.
O.E : La politique de la ville est aussi abordée avec ces images de destruction de barres d’immeubles en 83 notamment aux Minguettes à Vénissieux près de Lyon.
C.L : Des images toujours impressionnantes de destruction de ces tours trop vite construites pour héberger des dizaines de milliers d’immigrés du Maghreb, venus travailler dans les usines de la région. La reconstruction de nouveaux immeubles un peu plus loin du centre et le départ des classes moyennes…
En 2013, les cités sont là, avec une moindre mixité sociale, les difficultés scolaires, l’ascenseur social qui est en panne, et trouver un emploi est encore plus dur pour les jeunes et il faut le dire, encore quand leur nom sonne « arabe » ce que raconte dans le webdoc un jeune diplômé qui a commencé à recevoir des réponses à son cv quand il s’est donné un prénom qui sonnait français (de souche).
À Strasbourg, nouvelle étape, le webdoc aborde l’encore faible représentativité politique de la diversité qui a fait des progrès notables quand on compare 2013 à 1983 et enfin la question complexe de l’intégration et de l’égalité, quand la marche se culmine à Paris.
C’est la question du racisme et de l’inégalité qui a provoqué la marche, un acte pacifique et politique en 83, le webdocumentaire donne la parole à un sociologue, un rappeur, un ancien marcheur, l’ex patronne de radio heur. Tous parlent de l’évidence pour ces 3 voire 4èmes générations d’être français. L’islamophobie s’est développée depuis le 11 septembre, c’est évidemment une nouvelle forme de racisme. Mais comme le dit ce sociologue, rien à voir avec la pratique religieuse de l’islam qui s’est développée notamment chez les jeunes comme un des éléments identitaires dont ils ont besoin.
Le webdocumentaire est aussi très riche en animation pour raconter des anecdotes et données des chiffres clés. C’est la « marche d’après » réalisé Jenna Lebras, Lucas Roxo et François Hume et diffusé à l’adresse « lamarchedapres.com » et sur les sites du monde, de « Toute l’histoire » et de Capa.